Le chantier de restauration du théâtre antique d’Orange, synthèse à mi-parcours Adaptation aux deux tranches suivantes : les parascaenia et le mur nord
Renzo Wieder et Sarah Coudry, Agence Architecture et Héritage
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Ces deux tranches de travaux (2016-2018) font suite à celle de la tranche ferme où les nombreux protocoles mis au point ont été répétés ou affinés au cas par cas.
- Le nettoyage La tranche ferme a permis de mettre au point le protocole de nettoyage des parements antiques mais de nouveaux matériaux et problématiques sont apparus dans les tranches suivantes. Dans les parties supérieures des parascaenia, des parements issus de restauration du XIXème siècle ont pu être observés de près. Des restes de numérotation des pierres de restauration ont été retrouvés, et la distinction entre pierres antiques et pierres de restauration a été facilitée par la différence de nature de pierre. Pour ces parements issus de la restauration du XIXème siècle, des essais de micro-gommage ont été réalisés car le brossage manuel s’avérait peu efficace. Ces essais ont été validés à condition de conserver les numérotations en rouge des pierres de restauration. Au niveau des intrados des grandes baies du premier niveau, des essais de micro-gommage ont été réalisés pour diminuer l’épaisse croûte noire présente à cet endroit. Le protocole établi lors de la tranche ferme a été répété mais la pierre située sous la croûte noire s’est avérée pulvérulente et par conséquent cette méthode de nettoyage n’a pas été retenue et un brossage manuel a été réalisé. Dans les parties supérieures des parascaenia et du mur nord, on trouve des gargouilles en pierre calcaire blanche qui n’ont pas pu faire l’objet de protocoles dans le cadre de la tranche ferme. Au démarrage des tranches de travaux, différents essais de nettoyage (manuel et au micro-gommage) ont permis de déterminer la technique la mieux adaptée pour ces éléments. Contrairement à la pierre molassique, ce calcaire blanc est bien plus résistant et en meilleur état. Pourtant, dans un souci de conservation de tous les parements antiques, le nettoyage manuel a également été préconisé pour ces éléments. Par ailleurs, cette phase de nettoyage a permis de mettre en évidence l’utilisation de deux pierres différentes pour ces gargouilles : la pierre calcaire blanche et également la pierre molassique pour la partie centrale du mur nord. Ce changement de matériaux était jusqu’à présent ignoré car le tout était recouvert d’une couche uniforme de salissures et micro-organismes. Autres éléments en pierre calcaire blanche : les corbeaux du mur nord. Comme pour les gargouilles, le nettoyage retenu pour ces éléments a été le brossage manuel. - Les passes d’eau de chaux La technique de reminéralisation des parements par application d’eau de chaux a été testée à grande échelle lors de la tranche ferme. Son efficacité prouvée par le BET matériaux a permis la poursuite de ce protocole sur l’ensemble des parements des tranches suivantes sans adaptations nécessaires. - Les protections en plomb Afin de protéger au mieux les parements des infiltrations d’eau pluviales et de redonner aux corniches leur fonction de rejet d’eau, des éléments en plomb ont été installés sur les deux niveaux de corniches et sur l’ensemble des corbeaux en pierre. Des échantillons ont été présentés en début de chantier pour déterminer quelles techniques de poses seront mises en place. La technique de pose avec ourlet a été préconisée pour tous les éléments sauf la corniche inférieure où la pose s’est faite en suivant les variations de la pierre. Du plomb a également été mis en œuvre au niveau des grandes ouvertures des parascaenia. - Découvertes en cours de chantier Tout au long des deux phases du chantier, de nombreuses découvertes ou redécouvertes ont été faites grâce à la présence de l’échafaudage et de la nouvelle proximité avec les parements. Ces découvertes ont été réalisées par les archéologues mais également par l’observation et les connaissances de la maîtrise d’œuvre et de l’entreprise de maçonnerie. Parmi les éléments, voici les observations réalisées : - Découverte de la numérotation des pierres de restauration XIXème siècle en partie haute du parascaenium est. Les chiffres en rouge ont été conservés, - Sur les corbeaux inférieurs, des dallettes obstruaient les trous qui à l’inverse des consoles supérieures ne sont pas traversants mais évidés sur la moitié. Ils serviraient plutôt de socle, avec la présence d’un trou plus petit sur le dessous pour laisser d’évacuer l’eau. - Sur le parascaenium ouest, façade sud, certains blocs de pierre observés présentaient encore des traces de bossage, - Sur le mur nord, les inscriptions antiques évoquées par Caristie ont été redécouvertes (étage 12 au centre) - Les traces du chantier antique du théâtre et le sens de construction (trous de louve, taille de la pierre, etc.) - Les traces de restaurations précédentes ![]() - Le solin et traces de charpente du portique antique contre le mur nord - Les traces des consoles en pierre de la charpente du portique antique - La différence de matérialité entre les gargouilles de bouches d’eau dans la zone des parascaenia et le centre du mur nord - Les restes de frises et moulurations Ces découvertes et d’autres sont évoquées et détaillées dans les rapports de l’IRAA et ont fait l’objet d’analyses précises de spécialistes engagés avec la convention des archéologues. Cette richesse d’informations a permis d’ajuster certaines décisions du projet et de nourrir la connaissance de l’histoire du théâtre antique. | |